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Édition 2024 du Prix FFJ/Christian Polak


À partir de l'édition 2022, la FFJ a décidé grâce à Chistian Polak de décerner trois prix, suite au grand nombre de candidatures reçues. 

Composition du jury 2024


Premier prix : YAMAGUCHI Rena (École Nationale Supérieure d’Architecture de Lyon)


Titulaire de deux masters en Sciences humaines et Sciences de l’environnement à l’Université de Kyoto et en Ville et Environnements Urbains à l’ENSAL, Rena Yamaguchi compte s’engager dans une thèse sur la maison de ville à Kyoto au sein de l’école doctorale 472 de l’EPHE sous la direction de Nicolas Fiévé. Dans le cadre de sa thèse, elle s’interroge sur la complexité du patrimoine bâti au Japon, souvent paradoxale, où se côtoient sa patrimonialisation, sa dépatrimonialisation, voire sa repatrimonialisation.

Mémoire : Le patrimoine bâti dans la société japonaise. Introduction aux études socio-historiques sur la « maison de ville à Kyōto » (kyō-machiya)

Sous la direction de Ludovic Ghirardi (ENSAL)

La maison de ville de Kyōto est, spatialement et socialement, un composant fondamental de la cité depuis sa fondation en 794, et acquiert aujourd’hui à ce titre une forte valeur patrimoniale. Ces recherches, portant sur ce patrimoine bâti, s’orientent autour des deux hypothèses suivantes : d’une part, l’application du terme « patrimoine » permet de dévoiler le processus de mise en valeur de la maison de ville, en s’affranchissant du cadre conceptuel des études japonaises menées dans l’archipel par les acteurs du patrimoine ; d’autre part, ces maisons font face à deux phénomènes paradoxaux, qui relèvent la complexité du patrimoine bâti au Japon : des discours et des actions en vue de leur préservation et de leur disparition progressive. Mettant en lumière le processus de patrimonialisation de la maison de ville, ces travaux interrogent sur la manière de valoriser et de construire une relation durable avec le patrimoine bâti.
 


Deuxième prix : Thomas SEGUI (INALCO)

Titulaire d’une licence et d’un master en études japonaises à l’INALCO, Thomas Ségui se spécialise en histoire du Japon médiéval. Dans le cadre de ses recherches, il put partir étudier un an à l’université du Tôhoku auprès du Pr. Yanagihara Toshiaki grâce auquel il put se former à l’étude des sources primaires. Ses recherches actuelles portent sur les législations guerrières du Japon médiéval, et plus particulièrement sur celles des grands seigneurs féodaux du XVIe siècle. À partir d’avril 2024, Thomas Ségui poursuivra ses études à l’université de Meiji grâce à la bourse d’étude et de recherche du gouvernement japonais (MEXT).
 

Mémoire : Les velléités autonomistes des seigneurs Imagawa, face à l’effacement du pouvoir shogunal dans la première moitié du XVIe siècle, au travers de leurs constitutions territoriales (bunkoku-hō 分国法) : étude comparative du Imagawa kana mokuroku 今川かな目録 (Les articles en kana des Imagawa ; 1526) et du Imagawa kana mokuroku tsuika 今川かな目録追加 (Les articles en kana des Imagawa – augmentés ; 1553)

Sous la direction de Noémi Godefroy (INALCO)

Notre travail se veut être une étude comparative du Imagawa kana mokuroku 今川仮名目録 (1526) et du Imagawa kana mokuroku tsuika 今川仮名目録追加 (1553), deux constitutions territoriales (bunkoku-hō 分国法) promulguées à une trentaine d’années d’écart par deux chefs du clan Imagawa durant la période Sengoku 戦国 (mi XVe – fin XVIe). L’objectif de notre travail est de déceler les évolutions perceptibles entre ces deux textes de loi, notamment au niveau de leurs thèmes, de leurs structures, de leurs objectifs et de leurs influences, afin de constater, ou non, la manifestation de velléités autonomistes de la part des seigneurs Imagawa vis-à-vis du pouvoir shogunal. L’apparition de lois structurant des institutions judiciaires propres à la maison Imagawa, ainsi que la conception du territoire familial comme une entité étatique souveraine et autonome, sont deux exemples de ces évolutions. Par ailleurs, outre donner un aperçu de l’univers législatif guerrier du XVIe siècle, notre travail permet aussi de mieux rendre compte de la complexité du phénomène d’autonomisation des grands seigneurs féodaux, en rappelant l’influence persistante de la figure shogunale, tout en questionnant les limites de cette relative autonomie.
 


Troisième prix : Wladimyr MALYK (Université Lyon III Jean Moulin)


Titulaire d’une licence en Histoire (Lyon 2) avant de rentrer en Japonais LLCER (Lyon 3), Wladimyr Malyk a étudié un an à l’université Ritsumeikan de Kyôto, avant de poursuivre en master Études japonaises. Après un second séjour à Kyôto, cette fois-ci à Ryûkoku, il réalise depuis 2023 une thèse sous la direction de Bernard Thomann au sein de l’INALCO, portant sur les conditions de l’implantation du Parti Communiste Japonais à Kyôto dans la période d’après-guerre.


Mémoire : Yamamoto Senji 山本宣治, le premier député communiste japonais et son époque. Penser, construire et pratiquer une députation prolétarienne dans la démocratie impériale japonaise des années 1920

Sous la direction de Nicolas Mollard (Université Lyon III Jean Moulin)

Ce mémoire s'intéresse à la vie et à l'œuvre politiques du biologiste Yamamoto Senji (1889 - 1929), député du Parti Ouvrier-Paysan à Kyôto, élu en 1928. En partant de l'étude du personnage, de ses écrits militants et de ses discours parlementaires, et en le plaçant dans le contexte intellectuel des gauches japonaises post-octobre 1917, il dessine les contours politiques du Japon des années 1920. Plus particulièrement, il met en relief les contradictions qui caractérisent la "démocratie impériale" d'alors, partagée entre volonté d'élargir un "corps national" (kokutai) par le suffrage universel, tout en en sélectionnant ses membres par une répression idéologique croissante. Un système politique vis-à-vis duquel Yamamoto Senji s'est placé en porte-à-faux. En effet, par les réseaux militants qui le soutenaient, les combats antérieurs à sa députation et sa pratique du rôle de parlementaire, et jusque dans son assassinat en 1929 par un militant d'extrême-droite, il s'est placé, et il s'agit là de la thèse ultime de ce travail de recherche, comme le premier député communiste de l'histoire du Japon, sans n'avoir cependant jamais officiellement adhéré au Parti communiste, alors clandestin.
 


Mention spéciale : Ilan NGUYÊN (INALCO)

Traducteur-interprète japonais-français, critique et enseignant. Depuis les années 1990, étudie l'histoire et l'esthétique de la bande dessinée et du cinéma d'animation au Japon. Traductions de BD (Miyazaki, Taniguchi, Matsumoto, Sakaguchi...) et de films (Takahata, Kawamoto, Yamamura...). Écrits en français et en japonais (Positif, Cahiers du Cinéma, revue Eurêka, quotidien Yomiuri). Depuis 1999, programmation et coordination pour des festivals (Annecy, Paris, Zagreb, Tôkyô, Bruxelles, Meknès, Montréal...). Maître de conférences associé à l'Université des arts de Tôkyô (2014-2022). Aujourd'hui doctorant et chargé de cours à l'Inalco.

Mémoire : D'un dessein animé à l'autre : l'étude de la Bergère et le Ramoneur par TAKAHATA Isao (1955~1965)

Sous la direction de Anne Bayard-Sakai (INALCO)

Examinant l'un des versants majeurs de la réception au Japon du dessin animé français la Bergère et le Ramoneur (Paul GRIMAULT, 1953), à savoir son immense impact sur le parcours du cinéaste TAKAHATA Isao, qui mena à partir de 1955 un effort continu de réflexion à son sujet, ce mémoire décrit ses liens au film, de sa découverte à ses débuts de réalisateur, et s’appuie sur l’ensemble des documents publiés sur le sujet au Japon, mais avant tout sur les écrits personnels (inédits) de TAKAHATA, datant de l’époque de sa découverte du film et de ses débuts au studio de Tôei. Notre hypothèse centrale est que l’influence de ce film sur TAKAHATA ne se résume pas à un choc esthétique, théorique ou conceptuel, mais que l'œuvre de GRIMAULT et PRÉVERT a nourri de manière très concrète sa vision comme sa propre pratique de l’image par image. Ainsi, le regard d’un réalisateur qui avait fait de cette étude l’objet d’une vie nous permet de découvrir diverses facettes d'un film paradoxal et mutilé, inaccessible et singulier, et par là de saisir en quoi sa réception japonaise peut, en retour, éclairer de façon décisive une zone aveugle dans l'histoire du cinéma français.