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Édition 2023 du Prix FFJ/Christian Polak


À partir de l'édition 2022, la FFJ a décidé grâce à Chistian Polak de décerner trois prix, suite au grand nombre de candidatures reçues. 

Composition du jury 2023


Premier prix : Yusuke Kunitomo (EHESS)


Après une expérience dans l’aide humanitaire dans le secteur de l’éducation et de l’enseignement du français dans des pays francophones (le Bénin, le Niger et la France), Yusuke Kunitomo a obtenu le diplôme de master en sociologie à l’EHESS en 2022. Il prépare actuellement un projet de thèse sur la mobilisation du droit par les avocats militants qui tentent d’améliorer les conditions sociales d’étrangers vulnérables au Japon, comme le cas des stagiaires étrangers et celui des demandeurs d’asile.


Mémoire : Une analyse des actions associatives en faveur des demandeurs d’asile au Japon. Le cas de la Rafiq.

Sous la direction de Sébastien Lechevalier (EHESS) et d’Adèle Momméja (CNRS)

Le gouvernement japonais n’a accordé le statut de réfugié qu’à environ 900 demandeurs parmi 90 000 depuis sa ratification en 1981 à la Convention de Genève relative au statut des réfugiés. La question de l’accueil des réfugiés au Japon est souvent associée à celle de l’existence de centres de détention pour étrangers : des demandeurs d’asile déboutés risquent d’y être détenus pour un temps indéterminé. Tandis que, dans les années 1970, les associations religieuses se chargeaient de l’aide aux réfugiés indochinois dans les domaines de l’hébergement et des distributions de premières nécessités, depuis les années 2000, les actions de soutien aux demandeurs d’asile sont assurées par le secteur militant qui critique cette politique d’asile et proteste contre les violences vis-à-vis des demandeurs d’asile. Ce mémoire s’efforce d’analyser le travail de la Rafiq, association japonaise d’aide aux demandeurs d’asile fondée en 2002 dans la ville d’Osaka par la main de forces civiles. Notre analyse porte notamment sur la trajectoire collective de l’association, l’engagement militant de ses membres bénévoles et d’avocats, ainsi que leurs pratiques associatives. Ce mémoire révèle que l’objectif de l’association et de ces avocats militants n’est pas forcément d’attribuer le statut de réfugié aux demandeurs d’asile, mais plutôt d’éviter leur renvoi à leurs pays d’origine où ils pourraient subir des persécutions, ou d’éviter une situation de violation de leurs droits de l’homme.
 


Deuxième prix : Etienne Marq (Université Paris Cité)

Titulaire d’une licence d’histoire (CPES PSL) et de deux masters en études internationales (ENS Lyon) et en études japonaises (Université Paris Cité), désormais rattaché au CRCAO-UMR8155, Etienne Marq réalise depuis 2022 une thèse au sein de l’école doctorale 472 de l’EPHE sous la direction de Matthias Hayek. Ses recherches portent sur l’histoire du catholi-cisme japonais contemporain, et plus précisément sur le rapport de l’Église au régime impérial dans la période d’avant-guerre. Il partira pour un séjour long à l’Université de Tokyo en oc-tobre 2023 grâce à la bourse d’études et de recherche du gouvernement japonais (MEXT).

Mémoire : "Deux prêtres catholiques face à la nation japonaise au tournant du XXe siècle" : Étude de la coopération et des écrits d’Alfred Ligneul et Maeda Chōta (1893-1907)

Sous la direction de Ken Daimaru (Université Paris Cité) et Matthias Hayek (EPHE)

Cette étude porte sur l’activité intellectuelle et éditoriale de deux prêtres catholiques, François Ligneul (1855-1922) et Maeda Chôta (1867-1939), à la fin de l’époque Meiji. Dans un con-texte de renouvellement des discours antichrétiens au Japon, ces deux hommes collaborèrent sur un grand nombre d’ouvrages entre 1893 et 1907 afin de promouvoir les positions catho-liques au sein de l’opinion publique. Après un retour sur les parcours croisés de Ligneul et Maeda, le mémoire étudie quatre de leurs ouvrages, avec comme point d’ancrage la question des liens entre patriotisme, éducation et identité nationale. On retrace ainsi le développement d’une rhétorique catholique japonaise, adaptée au contexte local mais largement héritière de l’intransigeance de l’Église dans l’Europe du XIXe siècle et de la culture française transmise par les prêtres des Missions Étrangères de Paris. Cette étude permet donc de mieux com-prendre les transferts culturels entre Europe et Asie orientale autour de l’année 1900, ainsi que la place du christianisme dans l’arrivée des idées et discours européens dans le Japon de Meiji.
 


Troisième prix : Marina Pandolfino (INALCO)


Après une double licence en études japonaises et en relations internationales à l’Inalco, Marina Pandolfino a étudié un an à l’université d’Ōsaka, puis a poursuivi ses études en master. A partir de 2020, ses recherches s’orientent vers une étude de la religiosité japonaise, d’abord contemporaine puis à l’époque médiévale. Dans la continuité de ce travail, elle a entamé une thèse centrée sur le rôle de la pensée de Yoshida Kanetomo dans la définition d’un shintō autonome.


Mémoire : Le panthéon dans le Shintō tai.i de Yoshida Kanetomo

Sous la direction de Jean-Michel Butel (INALCO)

Dans son Shintō tai.i, Yoshida Kanetomo présente les grands principes de sa doctrine, le yuiitsu shintō (« shintō unique »), qu’il tente d’ériger en orthodoxie. Le discours théogonique qu’il y déploie laisse entrevoir les contours d’un panthéon shintō dominé par la figure de Kuni-no-tokotachi. Cette vision ne s’arrête cependant pas à un discours doctrinal. Au contraire, cette conception du panthéon induit en filigrane une hiérarchisation et une réorganisation des institutions religieuses au profit de la famille Yoshida, et légitimise ainsi l’entreprise de Kanetomo. Cette analyse du Shintō tai.i montre que le « panthéon » qui y est esquissé présente ainsi des dimensions complémentaires, à la fois abstraites et concrètes, touchant tant à la théologie qu’à la politique et au domaine institutionnel. Le texte dessine ainsi les contours d’un système global qui influencera de nombreux courants shintō ultérieurs.