Comprendre le changement institutionnel en Asie
Une perspective comparée avec les États-Unis et l’Europe

Dans les discussions entre économistes, historiens, sociologistes et spécialistes de sciences politiques sur la diversité des capitalismes et le changement institutionnel, les capitalismes asiatiques ont été mis de côté pendant de nombreuses années, au profit d’une focalisation sur les États-Unis et l’Europe. Les théories et les concepts d’économie politiques n’ont été appliqués à l’Asie que récemment et que pour certaines configurations institutionnelles et historiques. Cependant, le développement rapide des économies asiatiques et la diversité de leurs trajectoires doivent conduire à nous poser de nouvelles questions. Elles concernent par exemple l’impact paradoxal de la libéralisation qui ne conduit pas à une convergence vers les capitalismes anglo-saxons, dont les institutions constituent pourtant un modèle pour les promoteurs des réformes. Il s’agit également de comprendre l’émergence de nouvelles formes d’inégalités et les transformations des modèles de protection sociale. Dans un contexte de remise en cause du rôle de l’État dans l’économie, on se doit par ailleurs de comprendre la réémergence de nouvelles formes d’État développeur en Asie. Dans ce contexte, ce programme de recherche promeut des perspectives conceptuelles intégrées pour essayer de comprendre les transformations des capitalismes en Asie et explorer les liens avec les changements aux niveaux globaux, nationaux et locaux d’un côté, et technologiques, sociaux et politiques de l’autre.

 

Le projet INCAS vise à créer un réseau de recherche et de formation avancée de haut niveau sur le changement institutionnel en Asie, dans une perspective comparative avec l'Europe. Le coordinateur, l'Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (France), promeut ce réseau avec l'Université d'Oxford (Royaume-Uni), la Freie Universität Berlin (Allemagne), et en collaboration avec l'Université Waseda (Japon) et la Maison franco-japonaise (Japon). L'objectif du programme de mobilité proposé est de donner naissance à un consortium et à un réseau européen de facultés et d'étudiants de troisième cycle spécialisés dans l'analyse comparative des changements institutionnels en Asie et en Europe. Les partenaires ont choisi le Japon comme point de référence en raison de sa comparabilité avec l'Europe, comme le montrent des études antérieures, de son influence historique sur le développement et les changements institutionnels ultérieurs en Asie, et de l'expertise accumulée au sein de notre équipe de recherche.

L'analyse de la dynamique économique actuelle au Japon et l'extension ultérieure de cette analyse à d'autres pays asiatiques promettent de générer des informations qui pourraient aider à mieux comprendre les défis pour l'Europe et à préparer des propositions politiques pertinentes. Notre objectif est de comparer les résultats obtenus dans le cas du Japon et de quelques autres pays asiatiques (Corée du Sud, Taiwan, Chine, et éventuellement Thaïlande, après avoir vérifié la disponibilité des données), non seulement aux résultats précédents sur l'Europe, mais aussi aux résultats originaux que nous obtiendrons sur les pays européens (principalement la France - qui sera notre pays de référence en Europe - puis le Royaume-Uni, l'Allemagne et l'Italie) en mobilisant de nouvelles données historiques et en appliquant notre cadre théorique.

Notre consortium réunit l'expertise académique de haute qualité, l'éventail des compétences académiques et l'expérience de gestion nécessaires pour atteindre les objectifs du projet INCAS :